Ce lundi 19 juin, le salon de coiffure sociale de Chablais Insertion fêtait ses 10 ans, en présence d’Astrid Baud-Roche, présidente de l’association, Yann Lepessec directeur, Catherine Pertuiset directrice adjointe, mais aussi de bénévoles comme Caroline et Sébastien, ou encore Vanessa, coiffeuse professionnelle qui intervient bénévolement au salon … Jacques Grandchamp maire de Publier, était accompagné de Christelle Gaudet, adjointe à l’action sociale et aux solidarités intergénérationnelles, et de Stéphanie Moille, chargée de missions sociales au CCAS de Publier.
L’histoire du salon, « un conte de fée »
« C’est une belle histoire, c’est même un conte de fée ». C’est en ces mots qu’Astrid Baud-Roche, présidente de l’association Chablais Insertion, introduit sa présentation du salon de coiffure social, qui a ouvert ses portes au 105 route de La Dranse à Publier, en décembre 2013. « Il aura fallu 3 ans de travail pour mettre sur pied ce projet. En 2006 on avait créé un chantier d’insertion réservé aux femmes, qui était l’atelier de fabrique des meubles en carton, devenu l’Atelier, qui est aujourd’hui un des éléments fondateurs de la Ressourcerie du Chablais ».
La cause des femmes pour fil conducteur
« Le fil conducteur, c’est la cause des femmes » poursuit Astrid. « Qui dit cause des femmes, dit estime de soi, confiance en soi…On est dans la réparation ; il s’agit d’outiller la femme pour se réinsérer socialement et professionnellement. On a écrit ce projet, avec Marjorie, encore bénévole à nos côtés aujourd’hui, qui était très engagée. Ensuite, il faut une rencontre et un fait déclencheur. Et ce fut Josette, notre première coiffeuse professionnelle bénévole, qui avait son salon à Douvaine. Monter un salon de coiffure c’est compliqué, et ça coûte cher. Lorsqu’est venu le moment pour Josette de partir à la retraite, elle a mis son salon en vente. Le local sera racheté, mais l’activité coiffure n’y sera pas poursuivie. Josette décide alors de faire don à Chablais Insertion, de tout son matériel professionnel et de ses produits. Son salon a été intégralement vidé et déménagé à Chablais insertion, ce qui fait que notre salon dispose d’un vrai bac, de vrais fauteuils, bref, de tout le matériel professionnel, y compris les produits, car tant qu’ils ne sont pas ouverts, ils ne se périment pas car ne s’oxydent pas ».
Un soutien de poids
C’est une deuxième rencontre qui va permettre au projet de se concrétiser complètement. Celle avec la famille Mulliez, fondatrice du groupe de distribution Auchan. « Notre projet représentait un budget total de 23.000€ », poursuit Astrid. « Il a séduit, et la famille Mulliez sera notre actionnaire principal, en nous accompagnant à hauteur de 15.000€. A cela s’est ajouté le soutien de la municipalité de Publier ».
Se sentir belle pour avancer
Ce salon de coiffure jouit d’un espace dédié, exclusivement voué à cette activité. « C’est un endroit où les femmes viennent pour retrouver l’estime d’elles-mêmes. Quand on se sent belle, on va mieux, et là, on avance. C’est un phénomène valable pour tous, mais c’est encore plus marqué chez les personnes qui traversent une période compliquée. Les femmes viennent, et elles sont clientes du salon », explique Astrid.
En effet, les clientes paient la prestation, mais les tarifs sont adaptés : 4€ pour coupe-brushing, 10€ avec une couleur.
Le public accueilli
Les clients, hommes et femmes, sont issus des 4 chantiers d’insertion du territoire : Chablais Insertion, Pousses d’Avenir, les locataires de la résidence sociale Les Allobroges, et les femmes accueillies au sein du foyer La Passerelle, plus précisément de l’unité La Margelle, pour les femmes victimes de violences, entre autres. Bien sûr que le CCAS de Publier est également prescripteur. Huguette témoigne : « venir au salon, c’est aussi le temps d’un café, d’un moment d’échanges, c’est très agréable. Je suis impatiente de mon prochain rendez-vous en septembre. »
Les étudiantes de la MFR « La Catie » et leur projet au profit du salon
Il y a 17 MFR (Maison Familiale Rurale) sur les deux Savoie. Ces établissements au statut associatif, offrent tout un panel de formations par alternance, aux métiers de l’accompagnement pour agir auprès de la personne. Manon, élève de l’établissement « La Catie » de La Balme de Sillingy, explique le projet de sa classe pour venir en soutien au salon social : « on est une petite classe en formation sur 15 mois, en Accompagnement Educatif et Social. Nous sommes toutes déployées en alternance sur des établissements type EHPAD ou avec des personnes en situation de handicap psychique. Dans le cadre de notre cursus, nous devions soutenir un projet à dimension d’insertion. Je connaissais Astrid Baud-Roche, qui fut ma cheffe de service par le passé. Je la savais partante pour ce type de démarche. C’est tout naturellement que je me suis tournée vers elle pour lui proposer notre projet ».
Dès décembre 2022, ce petit groupe de jeunes filles s’est affairé à vendre deux fois par semaine, crêpes, gaufres, cookies aux élèves des autres classes de la MFR, et ça a plutôt bien marché. Les fonds récoltés viendront soutenir le salon de Chablais Insertion. « On avait plusieurs pistes pour remettre les fruits de nos ventes », explique Manon, « et le choix s’est porté sur le salon de coiffure de Chablais Insertion, parce que dans notre classe, on est que des filles, et on sait ce que sait de recevoir du bien-être et de se sentir jolies, et ça a fait sens ».
La présidente du conseil d’administration de l’établissement remet un chèque à la coiffeuse Vanessa
« Cette démarche rentrait dans le cursus de leur formation lors duquel elles doivent découvrir le handicap, la personne âgée, l’insertion », précise Anne-Marie Krenz, présidente de la MFR de la Balme de Sillingy. « Des élèves partantes, motivées, dévouées à apporter leur concours et leur aide à des personnes en difficulté, et soutenir des projets. Je suis très honorée de remettre ce chèque de 200€ à Vanessa, qui lui permettra de racheter des produits de coloration, ou de la déco pour le salon ».
Les 3 « P » du maire : Patience, Persévérance et Pugnacité
Le maire, Jacques Grandchamp, a salué l’engagement de tous les acteurs du projet, avec une attention particulière réservée aux femmes : « l’essentiel, ce sont les 2 P ; Patience, Persévérance. J’en ajoute un 3e, la Pugnacité. Je suis épaté de voir à quel point Astrid se bat pour de nobles causes. Chacun de nous a au moins un talent à la naissance, qu’il faut faire fructifier, sinon la vie n’a pas beaucoup de sens. Il faut bien rétablir les valeurs, on est dans une société qui sombre dans l’individualisme, le repli sur soi, où l’univers virtuel remplace la relation, et on a bien raison de dire que le salon de coiffure est un lieu d’échanges, tous les coiffeurs le savent. Le bénévolat que l’on a aujourd’hui est remarquable. Et surtout mesdames, croyez en vous. J’ai toujours été surpris sur la façon dont les femmes sont sur la retenue. Allez-y mesdames ! Osez ! Ne vous occupez pas du qu’en dira-t-on, avancez et vous verrez ! Je vois la part que les femmes prennent dans tous les domaines, c’est une révolution. Bravo à celles qui s’engagent, qui se battent pour des choses qui ont du sens ; Astrid, je te tire mon chapeau, ainsi qu’à toute l’équipe ».
Florence Duvand, conseillère régionale
a félicité toute l’équipe, « pour cet engagement pour la cause des femmes. En tant qu’ex-coiffeuse, je peux témoigner de ce feeling qui passe, lorsqu’on pose ses mains sur les cheveux de la personne, et on sent nos énergies se mettre ensemble et la confiance qui s’installe, cet échange que l’on créé, un moment privilégié. Bravo à tous ceux qui vous soutiennent dans ce projet ».
A la recherche de coiffeurs/ses professionnels/les bénévoles
Le salon est victime de son succès. Vanessa, coiffeuse professionnelle qui exerce à Thonon depuis 33 ans, est actuellement la seule coiffeuse bénévole à intervenir sur le salon social d’Amphion. Elle consacre sa journée de congé hebdomadaire pour venir coiffer au salon de Chablais Insertion. Elle ne parvient donc pas à répondre à toute la demande, (environ 5 par semaine) et l’idéal serait que Vanessa soit rejointe par un ou une deuxième coiffeur/se professionnel(le), pour proposer d’autres créneaux, et réduire les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous. Vanessa est passionnée : « j’avais envie d’apporter autre chose, de créer du lien. Il est très enrichissant de donner de son temps. Les clientes du salon social repartent avec le sourire, même si souvent, elles ont des tonnes de soucis. Elles auront vécu une parenthèse d’une heure et demi, deux heures parfois, à prendre soin d’elles. Elles ont récupéré beaucoup d’estime d’elles-mêmes, et ça, ça n’a pas de prix, surtout dans notre société d’aujourd’hui ».
Vous êtes coiffeur ou coiffeuse et souhaitez apporter votre contribution au salon social, ne serait-ce que pour quelques heures par mois, manifestez vous auprès de l’équipe de Chablais Insertion :
04 50 71 93 36
contact@chablaisinsertion.fr
https://www.chablais-insertion.fr/
Crédit photos complémentaires : Chablais insertion