« Je veux juste me battre pour moi-même ». C’est la raison d’Isabelle Ferrari de pratiquer le saut à la perche qui la mènera samedi 1er avril en Pologne pour les championnats du monde.
Elle aura 50 ans dans une quinzaine de jours et devra concourir comme la plus âgée de sa catégorie 45/50 ans. Licenciée de l’EDGAAP (Ecole de Disciplines Gymniques Artistiques et Acrobatiques de Publier) et du TAC (Thonon Athlétic Club), elle se déplacera à ce championnat en Pologne en individuelle. Un déplacement qui lui coûtera quelques 1000 euros et des complexités d’organisation.
Se déplacer avec des perches de 4.00ml n’est pas courant. Le premier avion la portera à Varsovie. Un second la déposera à Bydgoszcz et pour finir, c’est en bus qu’elle rejoindra le lieu du concours,à Torun pour y déposer son matériel. Le lendemain, samedi 1er avril, échauffement le matin. A 13h la compétition commence. Dix nations seront représentées dans sa catégorie.
C’est en soirée que la cérémonie protocolaire sera célébrée. Une nuit à l’hôtel et le lendemain, dimanche 2 avril, c’est le retour en Chablais.
La compétition sera visible en directe sur :
https://wmaci2023.com/online/
Professeur d’éducation physique à l’institution Saint Joseph aujourd’hui, Isabelle a toujours consacré sa vie au sport. Née à Thonon-les-Bains en 1973, c’est en 1985 qu’elle rejoint le TAC où elle restera fidèle. Deux années à l’Etoile Sportive lui permettront de se perfectionner à la gymnastique qu’elle pratique au niveau scolaire depuis 1981 et d’acquérir le titre de championne de France en 1988.
C’est en 1992 qu’elle découvre le saut à la perche, avec 4 cours d’initiation qui lui permettront d’ajouter cette discipline à son bagage sportif pour ses études de professeur d’EPS. Son père étant moniteur de ski, c’est presque naturellement qu’elle obtient son Brevet d’Etat en ski Alpin, et plus surprenant, un Brevet d’Etat deuxième degré en lutte. Brevet bien mérité puisqu’en 1996, âgée de 23 ans, elle est consacrée championne de France universitaire de lutte féminine.
En 1996, elle fait ses premiers pas dans le monde de l’enseignement scolaire. Un poste de directrice régionale du sport scolaire. Elle doit organiser toutes les compétitions du mercredi après-midi dans le cadre scolaire, pour toute l’académie de Grenoble (Haute-Savoie, Savoie, Drôme, Ardèche et Isère). Une tâche qui s’étoffera avec la gestion de la super Région en sport collectif.
En 2019, le regroupement des académies de Clermont, Lyon et Grenoble s’ajoute à sa tâche avec la gestion des subventions, des formations des élèves et des enseignants. Le burnout a raison de sa fougue. « Au fond du trou, confie-t-elle, ça permet de rebondir. J’ai repris ma vie en main avec un passage dans un hôpital spécialisé à Lyon ». Malgré tout, elle considère que ça a été une année positive pour son avenir.
Décision est prise de se présenter au championnat de France du saut à la perche. « Comme j’étais déjà titrée, dit-elle timidement, comme championne de France en Gym, championne de France en lutte, championne de France en ski, il me manquait un titre en athlétisme. Je me suis dit : je vais essayer ».
Malgré le manque d’entrainement, elle se présente en 2020 avec l’objectif de passer une barre et d’être classée. Elle fait huitième du concours toutes catégories. « Super fière de moi, je vais au bar me désaltérer et je décide de rester pour assister au podium des copines. C’est là qu’on me dit : « il faut que tu restes, tu es sur le podium ». Je pensais à un canular mais on me dit : « tu es seule dans ta catégorie, tu es donc championne de France » ».
Ses entrainements en salle, elle les a faits à la Cité de l’Eau avec Jeff de l’EDGAAP d’abord en trampoline en 2012 une saison. 4 ans plus tard, en 2016 elle rejoint l’association. C’est la Coupe Bernard Comont qui lui a donné envie de reprendre la gym pour adultes en 2017 et rapidement, en 2018, elle se retrouve au comité de l’EDGAAP. Elle ne donne pas de cours au sein de l’association, mais comme bénévole, elle tient le poste de secrétaire, assure les remplacements, fait partie du staff de l’animation et continue de prendre des cours avec Jerry.
Une femme à suivre, qui à l’aube de ses 50 ans, va chercher un titre mondial en Pologne, samedi 1er avril, dans la catégorie 45/50 ans. Les 24 et 25 juin, un titre de championnat de France à Laval dans la catégorie 50/55 ans et fin septembre, un titre de championne d’Europe en Italie.
« Je veux juste me battre pour moi-même, avoue-t-elle. C’est l’avantage de l’athlétisme, on se bat avec soi-même pas pour battre l’autre ».