Menu Fermer

Le Bénévolat, c’est du concret à Chablais Insertion.

Vanessa, coiffeuse professionnelle, donne deux journées par mois pour s’occuper des personnes en difficultés.

Période COVID oblige, le salon de coiffure de Chablais insertion a été contraint de fermer ses portes deux années durant. Josette, la coiffeuse attitrée au salon jusqu’à présent, a pris sa « seconde retraite » bien méritée, faisant don de tout son matériel et de tous ses produits de coiffure à l’association. Vanessa lui succède dans ce bâtiment accolé aux locaux de l’association.

« Il était temps, confie Astrid, présidente de Chablais insertion, les prétendants à pouvoir profiter de ce salon social sont nombreux. Depuis 2013 qu’on a créé ce salon, à chaque jour ouvert nous avons fait le plein. On aurait plusieurs personnes bénévoles comme Vanessa, on arriverait peut-être à satisfaire tout le monde ».
Pourtant, le salon n’est pas ouvert au public. Il est réservé aux personnes en difficultés qui sont envoyées au salon, principalement par les chantiers d’insertion (Chablais insertion, Atelier Re-née, Pousses d’avenir), le CCAS de Publier et les assistances sociales pour le public RSA.

« L’idée de ce salon, explique Astrid, est la conjonction de plusieurs réflexions :

  • L’estime de soi est très important quand on est en période d’insertion. Se sentir laid, c’est perdre de la confiance en soi. Pour avancer, il faut retrouver cette confiance.
  • Coiffure, manucure, esthéticienne… ça coûte très cher. Difficile pour une femme en insertion de se payer une couleur à 150 euros ou une coupe à 50 euros.
  • Un vrai salon de coiffure avec une vraie coiffeuse permet de retrouver l’ambiance et les discussions qui font les richesses de la vie.

Même si elle est minorée, cette prestation n’est pas gratuite. L’acte d’achat fait partie des actes d’insertion. On travaille sur l’autonomie des gens, pas sur l’assistanat. Les gens sont acteurs de leur vie, nous sommes là pour les accompagner dans les choix qu’ils ont fait ».

Coupe / Brushing / Couleur – 10 € – 2h
Coupe / Brushing / Mèches – 10 € – 2h
Coupe / Brushing sur cheveux courts – 4 € – 1/2h
Coupe / Brushing sur cheveux longs – 4 € – 1h
Coupe Masculine – 4 € – 1/2h

Astrid a confié le salon à Vanessa. Elle sera présente 2 jours par mois au 105 route de la Dranse à Amphion (le 9 et le 23 au mois de mai). Voilà près de 4 ans que Vanessa a quitté sa terre natale du Var et son salon, pour se retrouver salariée chez Bruno, rue des Vieux Thononais. Un salon qu’elle devrait reprendre l’an prochain après le départ à la retraite de son patron. Sa jeunesse ne laisse pas entrevoir qu’elle entame sa 32ème année dans la profession. Il faut dire qu’elle a été baignée dans la coiffure depuis sa plus tendre enfance par une famille vouée à cette activité.

« C’est l’envie de m’investir pour ces causes qui me parlent énormément, avoue-t-elle, qui m’a fait accepter la proposition d’Astride de donner de mon temps pour que vive ce salon social. Les gens qui viennent nous voir sont dans le plaisir de pouvoir parler et de repartir en se sentant beau.
En plus, ça nous fait du bien de relativiser, de voir qu’il y a des gens qui ont des difficultés bien plus importantes que les nôtres. C’est un échange très enrichissant. La coiffure devrait d’ailleurs être remboursée par la sécu.
Je suis contente de pouvoir participer à cette aventure, mais il faudrait d’autres coiffeurs bénévoles pour augmenter les heures d’ouverture de ce salon. Plus on aura de temps de coiffure, plus les gens en difficulté pourront être coiffés
».

Astrid estime qu’il y a près d’une centaine de personnes uniquement dans les structures de réinsertion de la région. « Le manque ne sera pas du côté des demandeurs, confie-t-elle, mais plutôt du côté des professionnels de la coiffure ».

Vous êtes Professionnel dans le monde de la coiffure
Vous êtes motivé pour pour offrir vos services aux personnes en difficultés
Contactez l’association et son directeur Yann Lepessec
contact@chablaisinsertion.fr – 04-50-71-93-36

Des prédictions que semble confirmer Françoise, femme qui nous explique son parcours de vie tout à fait commun mais qui se retrouve, à l’approche de la soixantaine, dans l’obligation de faire appel à Chablais insertion.

De formation infirmière, elle a exercé son métier pendant 13 ans avant de se consacrer à l’éducation de ses enfants 20 années durant. Suite à un événement familiale inattendu, elle s’est retrouvée sans ressource.
Elle doit, aujourd’hui, reprendre sa vie en main et recomposer son parcours professionnel. « 20 ans sans exercer mon métier, confie-t-elle, ce n’est pas facile de se remettre dans le bain, surtout si l’envie de cette profession a disparu. J’ai choisi de me tourner vers le secrétariat médical, cela ne me semble pas trop éloigné de ma profession de base ».

Mais ce n’est pas facile à 58 ans quand on a perdu le rythme de vie du travail, les connaissances, les contacts avec les collègues… Pôle emploi lui a conseillé d’aller à Chablais insertion qui recrute dans différents métiers. Elle a vu l’atelier où l’on customisait des meubles. Elle s’est aperçu que ça lui correspondait parfaitement, « car ma passion, c’est la brocante, dit-elle. Ça alliait tout ce que j’attendais, une remise dans le milieu professionnelle et un rythme de vie qui correspond aux personnes qui travaillent. En octobre 2021, quand je suis arrivée à Chablais insertion, on ne m’a pas dit « asseyez-vous ici, on va vous payer à faire des meubles » non, on vous demande quel est votre projet de vie de manière à nous accompagner ».

Chablais insertion lui permet de faire une formation informatique. « Je fais partie de cette génération, reconnait Françoise, où on nous disait que l’apprentissage de l’informatique était vraiment inutile, alors qu’aujourd’hui, tout passe par l’ordinateur. Maintenant, avec cette formation, je me sens moins hors circuit ».

Rien n’est encore finalisé pour elle et pourtant, elle dégage une formidable confiance en elle. « Mon plus gros projet que j’ai ici (NDLR à Chablais Insertion), c’est de me regonfler à bloc et ça, c’est ce qu’on vous donne ici. On se sent comme tout le monde, on achète, on paie, même si c’est à tarif réduit, c’est important. On ne réclame pas l’aumône. On est l’égal de tous ».

Après ces quelques mois passés dans « Chablais » (comme elle dit), Françoise a pleinement cerné l’image que se représentent les personnes qui n’ont pas eu besoin du soutien d’association comme Chablais insertion.
« Quand on parle d’insertion, derrière ce terme explique-t-elle, la majorité des gens voient des personnes déficientes physiquement et intellectuellement. On parlerait de reconversion, cela correspondrait plus à la réalité et serait moins péjoratif que « insertion ». J’ai vécu un client, reconnait-elle, qui est venu à l’atelier pour acheter des meubles. Discrètement il a demandé à ma responsable, avec sa main qui faisait la marionnette près de son cerveau : « ils ne sont pas trop… ». Ça m’a choqué cette vision que les gens ont du mot « insertion ». On n’est pas des demeurés, des toxicos, des taulards… on a simplement eu un incident dans notre parcours de vie… »